La commune de Saint-Gildas-de-Rhuys conserve des monuments originaux peu fréquents dans le reste du Golfe, tels une imposante allée couverte cloisonnée au lieu-dit « Le Net » ou encore un dolmen avec un plan en « T » à Port Maria.
Sur un promontoire dominant l’océan atlantique, le dolmen du « Port-aux-Moines » [ou dolmen de « Men Maria »] est aujourd’hui peu impressionnant (il est désormais situé en dessous du niveau du sol environnant). Les vestiges de cet ensemble mégalithique furent en grande partie recouverts lors de l’aménagement du parking destiné à desservir le Port-aux-Moines avant d'être dégagé et entouré d’un muret.
En 1983, Joël Lecornec a mené une fouille de sauvetage qui a permis de mieux appréhender sa structure d’origine. Initialement recouvert d’un cairn constitué de petites pierres de micaschistes, il devait se raccrocher à la série des dolmens en T dont l’axe du couloir est perpendiculaire à celui de la chambre (l’exemple le plus connu de cette forme de sépulture est le dolmen de Kerivin à Saint-Pol-de-Léon dans les Côtes d’Armor). De nos jours, il ne subsiste plus que la chambre orientée Sud-Ouest/Nord-Est s’étirant sur 5 mètres, d’une largeur variant entre 1m20 et 1m70. Seuls 10 supports sont conservés. Il a fallu ajouter un bloc supplémentaire pour soulager les autres orthostates déjà fragilisés par le poids de l’imposante dalle de couverture. La fouille de 1983 a révélé l’existence d’un beau dallage de plaquettes en micaschiste dans la partie nord de la chambre et la présence d’un seuil compartimentant cette dernière. De très nombreux tessons de poterie ont été récupérés, permettant une reconstitution partielle ou presque totale de 7 vases et coupelles de bonne facture. Il faut également signaler la découverte de deux aiguillons de queue de raie. Les limites et la structure du cairn demeurent inconnues, dans la mesure où les fouilles n’ont pu être étendues au-delà de la zone actuellement visible ; de même, le couloir n’a pu être fouillé.
Le monument a connu des occupations ultérieures comme en témoignent la présence de tessons datant de la fin du néolithique et les restes d’un vase vraisemblablement gallo-romain. Plus récemment il aurait servi d’abri à un vagabond avant la seconde guerre mondiale.
Le long du sentier côtier menant du port de Saint-Jacques au Port-aux-Moines se dresse un petit menhir en quartz de 1m50 de hauteur. Il se situe aujourd’hui au bord de la plage à cause de la remontée du niveau des mers depuis le néolithique. Ce menhir a jadis été tagué de toute les couleurs par des vandales.
Visible du portail d’une petite propriété en face du camping d’Ar Bladennig, le menhir de Men Guen est un bloc massif de 1m50 de haut pour un 1m90 de large, incliné vers l’est. Sur sa face ouest, trois marques alignées pourraient être des cupules.
Au pied d’une croix surplombant la route menant à Arzon, gît un menhir de 3m10 de long caché dans les ronces. Ce monolithe a été déplacé lors de l’élargissement de la route en 1967.
L’enceinte mégalithique du Grand Rohu était juchée sur une éminence dominant la plage du Goh-Velin. Aujourd’hui il n’en reste que quatre menhirs perdus dans la lande. Un ancien plan de R. Merlet du début du XXe siécle permet de se faire une meilleure idée du monument. L’enceinte possédait alors un peu plus d’une vingtaine de pierres mais l’ensemble était déjà très lacunaire. Le coté ouest du monument possédait la particularité d’être formé d’une ligne droite de pierres dressées alors que le reste du tracé de l’enceinte était courbe. On ne peut dire si cet ensemble était lié avec des alignements de menhirs comme c’est le cas pour certaines enceintes mégalithiques à Carnac ou à St-Pierre-Quiberon, cependant il faut noter l’importante concentration de grands menhirs dans le secteur (menhir de Kermaillard, Men Palud, Clos er Bé…), tous proches de la zone la plus étroite de la presqu’île.
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Plan de l'enceinte du Grand Rohu d'après R. Merlet |
Ce beau menhir, accessible par un petit sentier qui part du chemin reliant le golf de Kerver au village du Net, fait 2m80 de hauteur. Son nom (« La pierre du marais » en breton) évoque les anciennes salines qui existaient jadis à l’emplacement du golfe du Kerver.
L’allée couverte du Net se situe au milieu d’un champ près du giratoire du Net, dans un îlot de broussailles. Elle est l’une des seules allées couvertes de la région, et aussi l’une des plus remarquables en raison tant de ses dimensions très importantes (22m de long, 1m60 de large) que de la présence de deux pierres jouant le rôle de « dalles hublots » séparant la chambre et le couloir d’accès. De ce monument fouillé en 1922 par Zacharie Le Rouzic, il reste la majorité des orthostates, trois dalles de couvertures dont une effondrée et une imposante dalle de chevet. Ce dolmen a laissé sa trace dans la toponymie du village voisin appelé le « Bé », c’est-à-dire la « tombe ».
À une quarantaine de mètres au Sud-Ouest de l’allée couverte du Net, se dresse un menhir de 2m80 au bord du landier. Ce monolithe servit jusqu’en 1700 à délimiter les paroisses de la presqu’île (Arzon, Sarzeau et – à partir de 1100 – Saint-Goustan) : aussi est-il surnommé « La pierre des trois paroisses ». Un second menhir couché de 2 m de long gît à cinq mètres au sud de cette première pierre.
Juste au nord du giratoire du Net est érigé un petit menhir surpris d’être encore là. Posée sur chant, cette dalle en granite mesure environ 1 mètre de hauteur.
À quelques dizaines de mètres du sentier côtier gît sur la vase de l’estran un bloc isolé de 2m de long qui semble bien être un menhir victime de la remontée du niveau marin depuis le néolithique. Cette pierre a sans doute été érigée en lien avec l'alignement de Porh Nèze en Arzon à 240m de là. Ce monolithe moins imposant que les grands menhirs subsistant aux alentours du village du Net est un témoin de l’existence probable dans le secteur de nombreux autres petits menhirs aujourd’hui disparus ou invisibles.
À tous ces menhirs aux alentours du village du Net, il faut en ajouter bien d’autres qui ont été détruits au cours du temps... ou simplement enterrés ! En 1825, le chanoine Mahé mentionne dans le secteur « un alignement de pierres contigües qui venait d’être détruit », malheureusement sans localisation précise. Aux environs du menhir de Kermaillard, il mentionne aussi une paire de pierres dressées faisant 3m de hauteur, invisibles aujourd’hui (à moins qu’il ne s’agisse d’une description peu claire de menhirs existant toujours). En 1853, Alfred Fouquet mentionnne aussi deux menhirs proches de celui de Kermaillard. Enfin un autre petit menhir à l’Est de l’allée couverte de Clos er bé se situait à l’emplacement de la route actuelle.
Plus étonnant encore, plusieurs auteurs mentionnent l’existence de menhirs enterrés dans les environs du Net. Adrien Régent, dans son livre sur la presqu’île de Rhuys paru en 1902, évoque l’ensevelissement d’un grand menhir à 200m de la croix du Net entre le menhir de Men Palud et le village du Net : « Le menhir gênait beaucoup le labourage de la terre. On le supporta longtemps néanmoins et, lorsque la terre labourée fut convertie en prairie, qu’il gênait moins par conséquent, M. Le Bris, propriétaire du Kerver, résolut de s’en défaire. À cet effet, il fit creuser un grand trou au pied du menhir. On attela des chevaux à des câbles ; des hommes poussèrent avec des leviers et la malheureuse pierre fut ensevelie pour l’éternité. ». De même Louis Marsille rapporte, en 1938, le témoignage de M. Lechaud propriétaire à l’époque d’un terrain aux nord de l’allée couverte de Clos er Bé (ou Clos-et-Bé) : « [Celui-ci], a affirmé avoir vu son père enfouir plusieurs blocs dans son terrain. Il les retrouve, du reste, tous les ans au passage de sa charrue ». Enfin des fosses de calages de menhirs, disparus de nos jours, ont été observées par J. Lecornec lors des travaux de construction du golf de Kerver.