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Les mégalithes du Golfe du Morbihan

Les mégalithes d'Arradon

Au Nord du Golfe du Morbihan, la commune d'Arradon possède une remarquable série de dolmens, malheureusement très mutilés. Le dolmen d'Er Roch au milieu d'un champ domine un vaste panorama et est l'archétype du dolmen placé sur une hauteur. Le dolmen de Kerahoet, bien plus discret, se situe dans un bois un peu plus au nord. Gare à qui voudrait le prendre pour un menhir : il s'agit d'un dolmen réduit à un orthostate ! Le petit dolmen du Treh, bien conservé, se cache quand à lui dans une propriété.


Le dolmen de Er Roch (Kerhenry)

Sur une hauteur donnant une belle vue sur la ville de Vannes, nous pouvons apercevoir de loin la silhouette du dolmen de Kerhenry, dégagé assez récemment (en 2012) des broussailles qui l’étouffaient. Grâce aux descriptions qu'en ont fait un certain nombre d’érudits du XIXe qui partaient en excursions archéologiques depuis Vannes, on sait que l’état du dolmen semble avoir assez peu évolué : le compte-rendu qu’en fait F-M Cayot-Délandre reste en grande partie valable de nos jours. Principale différence : à l’époque le dolmen était engagé dans un fossé, car il se situait en bordure de parcelles (le grand champ que nous voyons aujourd’hui est une création relativement récente). Le dolmen servait alors de refuge aux bergers et aux travailleurs en cas de mauvais temps.
Le dolmen fut exploré en 1863 par Louis Galles. Les fouilles permirent de découvrir des fragments d’os humain, des outils en silex et des éclats de poteries.
La structure mégalithique est assez ruinée. Seule la chambre est bien conservée : sur quatre supports en place (et un autre couché) repose une dalle de couverture massive parsemée de cupules sur sa face supérieure. La chambre n’a pas une forme vraiment circulaire comme le décrivait les auteurs du XIXe mais plutôt polygonale. Un orthostate beaucoup plus massif que les autres vers le fond de la chambre pourrait être une dalle de chevet. De nombreuses autres pierres, parfois de bonne taille, subsistent dans ce qui reste du cairn du dolmen ; certaines, notamment à l’ouest de la chambre, semblent en place et pourraient correspondre à des vestiges du couloir. On remarque aussi une dalle très massive, manifestement déplacée, qui devait être une seconde dalle de couverture.

Le dolmen de Er Roch
Le dolmen de Er Roch

Le dolmen de Kerahouet ou Roh er Lann vras

Ce dolmen est mentionné par le chanoine Mahé (en 1825), puis par Cayot-Délandre et Alfred Fouquet. Ils décrivent un petit menhir, entouré de plusieurs pierres sur un rayon de quatre mètres, perdu dans une lande ombragée de pins. Le site était déjà très ruiné : dans la mesure où seul un orthostate était encore en place, les érudits du XIXe crurent se trouver en présence d'un menhir ; il faut dire que les apparences étaient trompeuses !
En réalité, comme l’a démontré la fouille menée par Joël Lecornec en 1964, il s’agit d’un dolmen très mutilé. Le cairn, dégagé lors de la fouille, était dans sa majorité en très mauvais état de conservation. Il semble que le monument avait une orientation Sud-Ouest/Nord-Est avec la chambre au nord, ce qui est assez inhabituel. Le couloir et la chambre n’étaient malheureusement plus perceptibles clairement. Le couloir a sans doute été majoritairement construit en pierres sèches ; une grande dalle gisant à coté pourrait également en provenir. Le blocage à l’entrée du couloir était encore en place. L’orthostate dressé se situe dans la chambre funéraire. Quelques grosses pierres situées perpendiculairement à l’axe du monument pourraient correspondrent aux vestiges d’une délimitation entre la chambre et le couloir.
Initialement, le cairn avait probablement une forme circulaire ou légèrement ovoïde d’environ 6m de diamètre. Le mobilier recueilli lors la fouille était particulièrement pauvre.
De nos jours, à l’orée d’un bois et au pied d’une clôture, nous pouvons toujours apercevoir l’unique orthostate subsistant. Le tertre, quand à lui, n’est plus du tout perceptible.


Le dolmen de Kerahouet
Le dolmen de Kerahouet

Les dolmens du Trech (la pointe d'Arradon)

Au sommet de la pointe du Trech, face à l’Île-aux-Moines, existaient à l’origine deux dolmens à couloir de petite taille dans un même cairn. Ils présentaient des plans différents, ce qui laisse supposer une construction en plusieurs étapes. Louis Galles, qui a fouillé le monument en compagnie de Léon Davy De Cussé, en a dressé les plans en 1866 (sans doute assez peu précis quant à la disposition des orthostates au vu des différences avec le plan du dolmen sud réalisé par Joël Lecornec).

Le dolmen du Treh
Plan des dolmens d'après Louis Galles

Seul le dolmen sud (aujourd’hui situé dans une propriété privée) existe encore dans un bon état de conservation. Dans un article du bulletin de la SPM de 2011, Joël Lecornec relate les opérations de nettoyage qu'il a menées. Quant au dolmen nord, il semble n'en subsister nulle trace, sauf – peut être – une dalle.
Le dolmen sud conserve une chambre ovalaire d’environ deux mètres de diamètre, dont l’extrémité est délimitée par un orthostate de chevet bien plus important que les autres. Cette chambre est précédée d’un couloir très court (d’un peu plus d’un mètre de long) et assez étroit. Les interstices entre les douze orthostates sont comblés par une maçonnerie en pierre sèche. Le cairn est conservé jusqu’au sommet des orthostates.
Selon le plan de L. Galles, le dolmen nord avait un plan en forme de « P », avec la paroi rectiligne de la chambre située du côté de l’autre dolmen. Si ce plan est exact, cette architecture originale (que l’on peut retrouver dans certains dolmens de la région [Pen Nioul, Île-aux-Moines]) est un bon argument en faveur de l’hypothèse selon laquelle les dolmens du Trech ont été construits en au moins deux étapes successives. Le dolmen sud aurait été édifié en premier, puis, lors d’un remaniement, les hommes du néolithique auraient construit un second dolmen accolé au précédent, ce qui aurait nécessité des aménagements expliquant la forme en « P » du dolmen nord (hypothèse émise par P. Gouézin).

Le dolmen du Treh
Plan du dolmen sud d'après le relevé de J. Lecornec

Mégalithes de la lande de Penpoul (Keravelo)

À environ 200m à l’est du dolmen d’Er Roch a été décrit au XIXe siècle et au début du XXe un ensemble mégalithique qui donne l'impression d’avoir été jadis important. En 1825, le chanoine Joseph Mahé mentionne un alignement de 80 pas de longueur avec un seul menhir notable à l’une de ses extrémités. Une vingtaine d'années plus tard, Cayot-Délandre remit en question l’interprétation du chanoine Mahé : seul le menhir décrit précédemment serait authentique et, d’après lui, les autres pierres dans la clôture provennaient de dolmens ruinés se situant sur la lande (leurs vestiges auraient servi à fortifier un talus au bout duquel se situait le menhir). Dans un article dédié aux mégalithes de la région (bulletin paroissial d’Arradon de 1924), sont évoquées (à l’entrée d'un champ voisin du menhir) de grande pierres oblongues qui auraient aussi pu être des mégalithes.
Signalons enfin qu'une carte du golfe du Morbihan, publiée en 1869 par Edmond Bassac, signale un dolmen proche de Keravelo qui pourrait probablement correspondre au site décrit précédemment.
Le menhir mesurait 1m30 de hauteur, 2m 55 de largeur et 0,90m de d’épaisseur. Il était nommé "Pier er Gadevès". Aucune des pierres de cet ensemble ne semble visible aujourd’hui, la lande ayant fait place à un vaste champ.

Mégalithes autour de la Chesnaie

Des sites mégalithiques ont été mentionnés près de la Chesnaie. En 1825, sans doute au sud de la Chesnaie, le chanoine Mahé signale un probable alignement composé de blocs de taille modeste, d'une longueur de 80 pas. La carte d’Edmond Bassac mentionne également plusieurs menhirs aux alentours de la Chesnais.



Sources