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Les mégalithes du Golfe du Morbihan

Les mégalithes du Bono

La commune du Bono conserve quelques sites mégalithiques dont le particulièrement remarquable dolmen sous tumulus du Rocher qui figure parmi les dolmens les mieux conservés du Golfe du Morbihan. Ce dernier bénéficie d'une belle mise en valeur, occupant le milieu d'une clairière enserrée d'un bois de pins.

Le tumulus du Rocher

En ce début d’année 1844, sur une crête surplombant la rivière d’Auray, une petite troupe dirigée par M. Bain de la Coquetterie s’affaire autour d’une étrange butte dominant la colline. Quelques coups de pioches proches d’une pierre affleurant à la surface du monticule mènent à la découverte tant espérée de l’entrée d’un monument mégalithique. Les explorateurs, accompagnés de leur lumière, peuvent alors explorer le monument en partie comblé et rompre l’obscurité dans laquelle était plongée ce dolmen encore inconnu…
Pour l'essentiel la fouille ne livra que de la céramique, ce qui amena M. Bain à supposer que le monument avait déjà été exploré par le passé. L’événement est rapporté par François-Marie Cayot Délandre dans son ouvrage « Le Morbihan, son histoire et ses monuments ». Ce dernier n’adopte pas la conclusion du fouilleur, mais pense plutôt que le dolmen est resté inviolé jusqu’à la fouille de 1844.
Après son acquisition par l’État, ce tumulus sera ensuite restauré et refouillé par l’archéologue carnacois Zacharie le Rouzic en 1904. En 1978, une des dalles de couverture menaçant de s’effondrer, l’archéologue Joël Lecornec dirigea une opération de restauration. Cette intervention a aussi permis de supprimer la casemate qui se trouvait devant l’entrée du monument, de niveler le sol du dolmen, de dégager l’entrée et de remonter la maçonnerie de pierres sèches au fond de la chambre.

le tumulus du Rocher
La chambre et une des gravures


C’est ainsi que de nos jours, dans le bois à l’Est de Kernourz, sur une crête surplombant la confluence entre le Sal et la rivière d’Auray, vous attend l’un des plus remarquables monuments mégalithiques du Morbihan de par sa conservation exceptionnelle, son architecture originale et son caractère monumental.
Sous son imposante masse arrondie de 4m de haut, le tumulus du Rocher abrite un magnifique exemple de dolmen coudé. Composée d’un très long couloir de 12 m menant – après un coude – à une chambre trapézoïdale, cette sépulture s’étire au total sur près de 19m de long, ce qui constitue un record dans le Golfe du Morbihan (à titre de comparaison le dolmen de Gavrinis ne fait « que » 15m de long –  dimension déjà conséquente !). Les parois du dolmen présentent en alternance de beaux blocs mégalithiques et une maçonnerie de pierres sèches à l’instar de tous les dolmens coudés. Deux des orthostates de la chambre sont décorés de gravures courantes dans ce type de dolmens (la référence étant incontestablement le dolmen des Pierres Plates en Locmariaquer). Alors que le couloir conserve une largeur constante sur toute sa longueur, la chambre s’évase lentement pour atteindre 2m de large au chevet. La dissymétrie du plan de la chambre et des anomalies architecturales tant au niveau du coude que de la chambre (dalle posée étrangement, double rangée de pierres) témoignent peut-être de remaniements du monument.
Le tumulus, dont nous n'avons qu'une connaissance partielle, est constitué de deux couches distinctes. La première, circulaire, se situe autour du dolmen et est constituée d’un assemblage de pierres. Elle est recouverte par une seconde couche, en terre, sans parement externe connu, de forme plus ovalaire.
Ce tumulus massif est entouré de petits tumulus de l’âge du fer, qui témoignent d’une longue utilisation du lieu comme nécropole et de l’aura que pouvait avoir ce dolmen hors du commun plusieurs millénaires après sa construction. L’un d’entre eux, fouillé en 1872, possède des structures mégalithiques (supports et tables de couverture) ; les fouilleurs (Louis Galles et M. Platel de Ganges) ont estimé qu'il date de l’âge du bronze.


le tumulus du Rocher
Le couloir

Le dolmen de Kerdrec'h

Au sommet d’une butte boisée, aux pentes marquées, trônent toujours les pierres moussues d’un dolmen. Bien que cette sépulture soit assez ruinée, on distingue toujours nettement les limites du couloir (d'environ cinq mètres de long) et, un peu moins aisément, la forme de la chambre (d’un diamètre de plus ou moins trois mètres). Le monument est niché dans un tertre plutôt bien préservé. En tout subsistent douze pierres, dont six supports en place, deux dalles de couverture déplacées et une pierre à l’écart.

Le dolmen de Kerdrec'h
Le dolmen de Kerdrec'h

Le coffre de Mané Verh

Dans un article dédié aux tombelles entourant le dolmen du Rocher, publié en 1872, Louis Galles mentionne le fait que M. Platel avait fouillé un petit dolmen sur la butte de Mané Verh à 300m au sud du tumulus du Rocher. Rien ne fut découvert. Formé de dix supports, le monument était de dimensions très modestes (1m 50 de long pour 0,65m de large orienté Est-Ouest). Vu sa très petite taille, Louis Galles considérait que le monument était plutôt une ciste. Quelques décennies plus tard, Zacharie Le Rouzic mentionne au Mané Verh un dolmen ruiné en partie enfoui dans les restes d'un cairn en pierres sèches.


Dolmen du Bono


« Dolmen au nord du Bono dans un tumulus » (Louis Galles, seconde moitié du XIXe)

« Dolmen ruiné dans un talus au Sud du village et à l'Est des tombelles du Rocher » (Zacharie le Rouzic, fin XIXe - début XXe)

« After breakfast walked thro' Kerisper to Le Bono and Le Rocher ; at each Place there is a fine dolmen - that at the former place is very dilapidated [...]. The monument at Bono was also examined by [Mr. Bain] but I know not with what result. {Après le petit déjeuner, j'ai traversé Kerisper pour me rendre au Bono et au Rocher ; à chaque endroit, il y a un beau dolmen - celui du premier endroit est très délabré [...]. Le monument du Bono a également été examiné par [M. Bain], mais je ne sais pas quel en a été le résultat.}» (W.C Lukis, 1864)

Telles sont les quelques mentions qui nous sont parvenues de ce dolmen aujourd’hui disparu. Au moins deux de ces auteurs ont heureusement pris soin de lever un plan du monument (voir ci-dessous), ce qui permet d’ailleurs de confirmer qu’ils parlaient bien du même dolmen.
Il s’agissait d’une tombe à chambre polygonale située au bout d'un très long couloir (d'une douzaine de mètres), ce qui est particulièrement remarquable. À part deux dalles sur le couloir, aucun élément de couverture n’était en place dans la seconde moitié du XIXe siècle. Toutefois les nombreuses pierres éparses autour du couloir (indiquées sur les plans) pourraient être des tables déplacées. Sur le plan de L. Galles, le dolmen est orienté vers l’Est. Les deux plans sont très semblables mais quelques différences doivent néanmoins être mentionnées, notamment au niveau de la disposition des orthostates du couloir et du placement des deux tables de couverture. La localisation exacte du dolmen reste mystérieuse, l’un des auteurs parlant des alentours de Kernourz, les deux autres des environs du Bono. Il faut cependant remarquer que les deux villages sont très proches l'un de l'autre.

Sources