À l’Est du Golfe du Morbihan, les mégalithes sont moins nombreux et souvent plus ruinés que dans le reste de la région. Cependant, il demeure des monuments originaux et imposants comme le menhir de Treven-Clos à Theix, l'alignement de Bergard à Surzur et le dolmen de Gorneveze à Séné. La nécropole mégalithique de l’île Boëde est aussi particulièrement intéressante de par le nombre exceptionnel de dolmens conservés sur le territoire restreint de l’île.
Le dolmen de Gorneveze demeure imposant, même s’il n’en subsiste plus que le fond de la chambre (de forme carrée) et une autre pierre renversée ayant pu appartenir au couloir. De par la dimension de ses vestiges, on peut cependant supposer que ce monument fut l’un des plus grands de la région. En 1878, une campagne de fouilles y fut menée par M. Prulhière de la société polymathique du Morbihan. Bien que le monument ait été antérieurement occupé [un travailleur étranger y aurait habité], les fouilles réussirent à mettre en lumière l'existence d'une réutilisation romaine. À l’heure actuelle, ce dolmen se trouve dans un jardin publique (il est bien visible de la route).
Une véritable nécropole mégalithique existait sur l’île Boëde. De nos jours plusieurs dolmens perdus dans la lande témoignent de cette remarquable concentration de sépultures dans le nord du golfe du Morbihan.
Les monuments les plus accessibles se situent sur le sommet sud de l’île. Là, au milieu des fougères et des ajoncs, trois dolmens à couloir dominent un vaste panorama. Deux d’entre eux se trouvent à quelques mètres l’un de l’autre et devaient être initialement inclus dans un même cairn. Le dolmen sud (D1) est assez bien conservé, avec une chambre rectangulaire – initialement coiffée de deux dalles de couvertures (aujourd’hui effondrées) – dont le sol était dallé. Le second dolmen (D2) n’a plus de couloir mais conserve une chambre circulaire. M. Prulhière y dirigea des fouilles en 1878, et y découvrit des fragments de poterie gauloise et romaine. Vingt mètres plus loin dans la lande, au sommet de la colline, subsiste un autre dolmen (D3) plus dégradé : seuls trois orthostates de la chambre et deux du couloir sont encore en place en plus d’autres supports couchés.
Sur la colline voisine, vers le centre de l’île, subsistent également d’autres dolmens au milieu d’une lande inextricable. L’un d’entre eux conserve de beaux restes avec une chambre polygonale recouverte par une couverture massive (D4) précédée d’un couloir de 3m de long. À proximité, d’autres groupes d’orthostates signalent l’existence de trois autres dolmens ruinés (D5, D6 et D7). Pour ces trois dolmens, il ne reste plus qu’une partie des orthostates de la chambre. Trois de ces dolmens sont situé très proches les uns des autres dans une disposition assez originale. Le dernier dolmen est situé à 20m dans un reste de tumulus.
Dans la parcelle nommée « Le Fozic » – située à l’Ouest du centre de l’île, se trouvait un tertre ruiné (exploré sans succès par M. Prulhiere en 1878). Celui-ci, orienté Nord/Sud avait une longueur de 12m pour 7m50 de large et 1m20 de hauteur.
Sur la hauteur la plus occidentale de l’île, entouré de landes, se cache encore un autre dolmen à couloir. Dans les restes d’un cairn d’une dizaine de mètres de diamètre, subsistent toujours les vestiges d’une chambre couverte d’une importante dalle de couverture et d’un couloir matérialisé par quelques supports en place ainsi qu'une table de couverture effondrée.
Pour clore cet inventaire, signalons enfin que F-M. Cayot-Délandre mentionne, en plus des dolmens cités précédemment, un autre dolmen (D8) qui se situait sur une hauteur au Nord-Ouest de l’ancienne chapelle St Vital (aujourd’hui détruite). Probablement situé non loin de la pointe Nord-Ouest de l’île, ce dolmen se trouvait au centre d’un cercle de pierres qui pourrait être le vestige d’un péristalithe délimitant le tertre de recouvrement du dolmen. S’agit-il du dolmen D9 à une erreur de localisation près ?
Sur la grande plage de l'île Boëde, un peu à l'Est des maisons, on peut apercevoir quarante grandes pierres alignées qui semblent former les restes d'un alignement mégalithique victime de l'érosion de la côte. Les blocs les plus importants font plus d'un mètre de longueur. Les pierres sont diposées à peu près régulièrement le long d'une ligne orientée Sud-ESt/ Nord-Ouest longue de 40 m.
Dans son histoire de Séné, l'Abbé Le Roch mentionne – au lieu-dit Ozon – l'existence de quatre dolmens ; ceux-ci avaient déjà disparu en 1884.
En 1853, Alfred Fouquet mentionne à Séné, en plus du dolmen de Gornevez, un dolmen bouleversé près d'une chapelle sur un mamelon, un autre sur un mamelon au Sud-Ouest de la même chapelle, et, toujours à proximité de la même chapelle, trois autres dolmens contigus complètement ruinés. Malheureusement M. Fouquet ne précise pas de quelle chapelle il s'agit...
Dans la vasière au pied du bourg de Séné, on peut remarquer une trentaine de blocs d'environ 1m de long dessinant une ligne légèrement courbe barrant un ruisseau (coordonnées : 47.614592, -2.736993). L'ensemble pourrait éventuellement correspondre à un reste d'alignement mégalithique à moins qu'il ne s'agisse des vestiges d'un aménagement postérieur au néolithique tel qu'une clôture en pierre.
Dans un pré-salé près du village de Bilherbon, on peut toujours apercevoir un menhir de taille modeste, accompagné d'un autre petit bloc couché à 1m. La clôture du champ voisin contient un grand nombre de blocs anormalement grands pouvant provenir d'un ancien monument mégalithique. De même, à l'entrée du village de Montsarrac en venant de Ozon, on observe aussi sur la gauche quelques blocs de grande taille dans le fossé et une pierre isolée au milieu d'une prairie.
Dans la campagne Surzuroise, deux menhirs se dressent au milieu d’un champ. Ils forment les vestiges d’un alignement complété jadis d’un troisième monolithe aujourd'hui déplacé et couché. Le premier menhir, à l’Ouest de l’ensemble, fait 1m80 de haut. Un bloc de taille modeste est adossé contre celui-ci. Cette pierre est probablement un fragment du menhir ce qui expliquerait d’ailleurs la forme étrange de la pierre dressée. Le second menhir, 40m plus loin vers l’Est, fait 2m de hauteur. Entre ces deux monolithes gisait le troisième menhir (2m50 de long) couché depuis longtemps. Celui-ci a été déplacé sur le talus en bordure de la route où il est toujours visible. Les menhirs, en quartz blanc, se remarquent de loin, la roche étant très lumineuse.
Dans un bosquet, au milieu d’un champ, se cachent les deux dolmens de Talhouet. Surplombant le principal affluent de la rivière de Penerf, les dolmens font face au dolmen de Sainte Julitte situé à quelques centaine de mètres de là, juste de l’autre coté du ruisseau, sur la commune d'Ambon. L’écrit le plus complet sur le site de Talhouet est le rapport de prospection diachronique rédigé par Yvon Laborderie en 1979.
Le dolmen sud est le plus imposant : sept orthostates délimitent une grande chambre rectangulaire, bien conservée, de 4m de longueur pour 3m50 de largeur. Une imposante dalle de couverture brisée en deux recouvre toujours une partie de la chambre. Le couloir est beaucoup plus ruiné avec seulement deux supports conservés.
Le dolmen nord adopte un plan original en « P » manifestement dû à la présence immédiatement au sud du premier dolmen. Cette caractéristique ce retrouve dans le dolmen nord de Pen Nioul sur l’Île-aux-Moines ou encore éventuellement le dolmen Nord du Treh à Arradon. Il conserve onze supports mais aucune dalle de couverture. Seule l’amorce du couloir est conservée. On peut supposer que ce dolmen est plus récent que le premier, ce qui expliquerait son plan particulier (sans certitude en l’absence de fouilles).
Les deux dolmens sont en grande partie enfouis, seul le haut des orthostates étant découvert. Les supports sont majoritairement en quartzite. On remarquera dans les deux dolmens que leurs dalles de chevet sont bien plus imposantes que le reste des supports : elles forment à elles seules les parois Ouest des sépultures.
Au Nord du village de Plaisance, à l’Est de la voie de chemin de fer, existait jadis un dolmen. Cette sépulture possédait une chambre circulaire de 3m50 de diamètre précédée d’un couloir de 3m de long, le tout enveloppé dans un tumulus circulaire de 15m de diamètre. Réalisé en pierres sèches, le parement extérieur de ce tumulus était conservé sur 30cm de hauteur (chose rarissime).
Le dolmen conservait vingt supports (13 pour la chambre et 7 pour le couloir). Deux tables de couvertures étaient en place au niveau du couloir. Les orthostates de la chambre mesuraient entre 1 et 1m50 de hauteur et les interstices entre les supports étaient comblés par une maçonnerie de pierres sèches.
En 1884, Ernest Rialan et l’abbé Jean-François Luco y dirigèrent des fouilles (la chambre et le couloir était alors entièrement comblés). Au cours des opérations de déblaiement, un mobilier varié fut découvert (poteries, lames en silex, grattoir, polissoirs, pointes de flèches, anneaux en lignites et en fer...). Une quarantaine d’années plus tard, en 1921, Louis Marsille publia un article consacré à ce dolmen en se basant sur les notes d’Ernest Rialan. Pour expliquer l’absence de tables de couvertures sur la chambre, il émit l’hypothèse que les constructeurs avaient eu recours à une voûte en encorbellement. À l’appui de cette thèse, il évoque la présence de maçonneries en pierres sèches au-dessus de certains supports de la chambre et la présence de pierres plates (découvertes lors du dégagement la chambre) assez grandes qui auraient pu appartenir à cette voûte.
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Plan du dolmen de Plaisance |
À quelques mètres au nord de la rue du Bois de la Sal, entre le giratoire du même nom et l’église du Tour-du-Parc, on aperçoit encore une grande dalle qui provient d’un dolmen aujourd’hui disparu. Malmenée lors de divers chantiers de construction [dont celui du château d’eau situé près du giratoire précédemment cité et celui du récent espace Pierre Derenne], la pierre restante a été maintes fois déplacée pour finir par arriver à son emplacement actuel ; entourée de constructions diverses (panneau informatif, parking, poste de transformation haute tension...), elle demeure complètement anonyme. La pierre, de grande dimension (bien quelle a été sûrement en partie débitée), était sans aucun doute une table de couverture de l'ancien dolmen. Avant sa destruction, la sépulture dont provient la dalle aurait comporté une autre pierre ; ce bloc aurait été enterré lors de la construction de la route en 1956.
Sur le bord de l’ancienne N20, au Sud-Est du giratoire « de la vache enragée », on aperçoit deux blocs de quartz de belle taille surnommés « La vache et son veau ». La pierre la plus importante, la « vache », fait environ 2m de long pour 1m50 de large. Plus discret car enterré aux trois quarts, le « veau » mesure au minimum 60cm de long pour 50cm de large et 50cm d’épaisseur. Ces deux blocs, situés à trois mètres l’un de l’autre, proviennent d’un dolmen brisé. On peut supposer que la « vache » était une table de couverture et que le « veau » était un orthostate. Ces deux pierres pourraient être à l’origine de la toponymie du lieu : la vache « enrochée » serait devenue par déformation la vache « enragée ».
Sur une hauteur, à l’extrémité Nord de l’île Tascon, existait autrefois un dolmen où trois haches ont été découvertes au début du XXe siècle. N’étant pas classé, celui-ci fut victime du remembrement en 1960. Avant sa destruction, le monument était déjà ruiné : il subsistait une dalle de couverture de 3m sur 2m reposant sur deux supports couchés, et trois autres sommets d’orthostates étaient visibles. Au cours des opérations de remembrement, les orthostates du dolmen furent déplacés dans une parcelle voisine. Aujourd’hui, il ne reste que trois grandes dalles mesurant de 2 à 3m de long, toutes situées sur les vestiges du tumulus du dolmen.
La pierre de Treven Clos
Au bord d’une piste cyclable se dresse une grande pierre en quartzite de 2m70 de haut. Cette stèle redressée a la particularité de posséder 22 cupules sphériques et une cupule oblongue, réparties en deux groupes distincts ; celles-ci mesurent entre 4 à 9 cm de diamètre et sont bien visibles. Cette pierre est de forme ogivale et rappelle ainsi les stèles anthropomorphes néolithiques comme celle qui sert de pavement à la chambre du dolmen II du cairn du Petit Mont.