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Les mégalithes du Golfe du Morbihan

Les mégalithes de l'Île-aux-Moines


Le menhir de la rue du Couvent

Dans l'étroite rue du couvent, au centre du bourg de l'île, le visiteur ne manquera pas de remarquer cette énorme dalle couchée prise dans un mur. Celle-ci fait 3m de long pour 1m50 de large au maximum ; sa taille et sa forme particulière font penser qu'il s'agit d'un menhir habilement réemployé. Pour ces raisons, il a toujours été considéré comme tel.


Le menhir du Bourg
Le menhir de la rue du Couvent

Le site mégalithique de Brouel

Depuis longtemps ce site mégalithique est réduit à trois pierres alignées sur un axe nord/sud. Il subsiste, dans un jardin privé, deux pierres dressées de bonne taille encadrant une autre plus petite. En 1877, Alphonse Mauricet affirmait qu'il s'agissait des vestiges de la partie ouest d'un dolmen. En 1962, R. S. Minot émet l'hypothèse qu'il s'agit d'un alignement mégalithique (orienté nord/sud).


L'enceinte de Kergonan

Au sud du bourg de l’île, on peut visiter l’un des plus beaux ensembles mégalithiques du Golfe du Morbihan : l’enceinte de Kergonan. Ce monument admirablement conservé est le plus large cromlech de France avec 100 m de diamètre et 70m de largeur. L’ensemble conserve 26 monolithes encore en place disposés en forme de U évasé ouvert vers le Sud-Est. Les menhirs mesurent entre 1 et 2m hormis trois d’entre eux. Le plus grand menhir, situé à l’extrémité nord du monument, est surnommé « le moine » du fait de son allure particulière évoquant un religieux encapuchonné. Cette forme n’est sans doute pas anodine et on peut penser qu’il s’agit d’une stèle anthropomorphe. Il présente sur sa face nord deux cupules. Un autre grand menhir se trouve à l’autre extrémité de l’enceinte. Celui-ci étant plus petit que « le moine », il est possible qu’il existait un autre menhir plus grand à cette extrémité. Enfin, le bloc situé dans l’axe du monument est aussi nettement plus imposant que les autres et fait près de trois mètre de haut. Entre 1923 et 1924 Z. Le Rouzic signalait que l’un des menhirs portait la gravure d’une hache non emmanchée, mais les mauvaises conditions d’éclairage et la végétation l’ont empêché de prendre une photographie ou de faire un croquis.
Signalons enfin qu’un tertre subsiste au cœur de l’enceinte.



Le menhir le Moine
Le menhir "le Moine"


Cet ensemble mégalithique étant l’un des mieux conservé de l’île, il attira bien sûr l’attention des érudits du XIXe siècle. En 1864 W. C. Lukis y trouva des percuteurs en quartz. En 1877, Alphonse Mauricet le fouilla partiellement mais ne trouva que quelques silex ; il mentionne néanmoins que, quelques années plus tôt, y avait été trouvé – sous une pierre plate d’un mètre carré située au centre de ce monument – un dépôt de haches polies similaire à celui de Bernon à Arzon. Le site fut classé monument historique dès 1862, ce qui permit d’assurer sa conservation bien que le monument resta longtemps enclavé dans plusieurs propriétés (jusqu’à l’achat de la plupart de ces parcelles par la commune).



L'enceinte de Kergonan
L'enceinte de Kergonan



Le tertre de Kergonan
Le tertre de Kergonan


Au siècle dernier, A. Mauricet rapporte que de l’enceinte de Kergonan « on distingue, à l’œil nu, nos plus grand tumulus : Tumiac, le Petit-Mont, Gavrinis, l’Île-Longue, Le Mané-er-hroeck, le Mané-Lud, les tumulus détruits et les dolmens ruinés de Baden ; à l’horizon, le mont Saint-Michel en Carnac ».
Avec les cromlechs d’Er Lannic, le monument de Kergonan est la seule enceinte bien conservée dans le golfe du Morbihan. Ce site présent d’ailleurs de nombreuses similitudes architecturales avec les monuments d’Er Lannic sans toutefois être identique. À l’image de l’enceinte nord d’Er Lannic, le monument de Kergonan est ouvert vers sur le sud-est et présente un plan similaire en forme de U aplati ; par ailleurs, un menhir plus important se situe dans l’axe de l’enceinte. Cependant la taille des blocs diffère : les menhirs de l’enceinte de Kergonan s’élèvent en moyenne à 2m de haut alors que ceux de l’enceinte nord d’Er Lannic ne font que 1m50 en moyenne (mises à part les pierres centrales dont la plus grande fait 4m 15). De plus les menhirs de l’enceinte sont espacés régulièrement alors que ceux d’Er Lannic sont accolés entre eux.
L’enceinte sud d’Er Lannic présente aussi quelques similitudes avec le monument de Kergonan notamment par la présence à ses deux extrémités de grands menhirs de respectivement 5 m 15 et 7 m 70 se démarquant des autres pierres et d’une configuration avec des blocs espacés régulièrement. Cependant la taille des blocs n’est pas comparable, ceux de l’enceinte sud d’Er Lannic faisant en moyenne 4m.

L’enceinte de Kergonan n’était pas isolée : à une trentaine de mètre au sud se trouvait un menhir appelé Men Colas et à quelques 200 m au nord-ouest existait le dolmen de la Vigie. Il sont décrits ci-dessous.


Le menhir de Men Colas

Jusqu’en 1809, le menhir de Men Colas était dressé à une trentaine de mètres au sud de l’enceinte de Kergonan et semble en avoir été un monument satellite. Par la suite, ce menhir eut une histoire peu commune qui fut racontée en 1885 à Ernest Rialan par Jean Béven, le propriétaire des lieux. Rialan consigna ce récit dans son ouvrage « Découvertes archéologiques dans le Morbihan en 1884 et 1885 ». En voici un extrait : « Cette maison a été construite par son père [le père de Jean Béven] en 1810. Lui avait alors six ans. Il a entendu souvent dire par ses parents que la pierre était debout ; on fit un trou pour l'enfouir sur place, et on la maintint par une épontille (étai). La grande route qui est à présent un peu plus au sud-est, passait alors au ras de cette pierre. Un passant abattit l'épontille, et la pierre tomba dans le trou, « sur camp », non à plat. On l'y laissa et elle forma une partie du sol de la maison ; le reste de l'aire est en terre. Cette pierre est connue des anciens de la contrée, et a son nom propre traditionnel ». D’après les relevés effectués par E. Rialan, le menhir avait 2m 25 de longueur 1m 15 de largeur à son sommet et 90cm d’épaisseur.
La maison décrite ci-dessus existe encore de nos jours.


Le dolmen de la Vigie

Sur le point le plus élevé de l’île existait un petit dolmen aujourd’hui détruit. Seul A. Mauricet accompagné de a pu nous fournir une description de ce monument qui était déjà en mauvais état en 1877. Engagé dans un fossé auprès d’un poste d’observation de la douane (surnommé « la Vigie »), le dolmen mesurait alors deux mètre de long pour un mètre de large et était orienté selon un axe Est-Ouest ; il restait alors cinq orthostates. Sa fouille livra quelques silex et de la poterie.


Le dolmen de la Vigie

Plan du dolmen de la Vigie d'après L. Davy de Cussé


Le dolmen de la croix de Kerno

Bien que porté disparu par R. S. Minot en 1962 dans son inventaire des mégalithes de l’île, le dolmen de la croix de Kerno existe encore à l’heure actuelle. Même s'il est entièrement inclus dans un large muret de pierres sèches séparant un vaste jardin privée d’une propriété du Conservatoire du littoral, il est possible de lui rendre visite en longeant le terrain public appartenant au Conservatoire. Le site était autrefois appelé Mein en Nozegian (« les pierres des êtres de nuit ») d'après Ernest Rialan. Ce dolmen conserve neuf orthostates visibles et d’autres sont vraisemblablement enfouis sous le muret. On observe aussi deux dalles de couverture (l’une, à moitié renversée, couvre la chambre ; l’autre se trouve sur le début du couloir). Le dolmen semble adopter un plan en « q » avec une pierre de chevet se démarquant des autres supports. Le monument est orienté Nord-Sud, ce qui est original.


Le dolmen de la croix de Kerno
Le dolmen de la croix de Kerno

Le dolmen de Kerno

En suivant un étroit chemin au niveau du village de Kerno, vous découvrirez un charmant dolmen considéré comme l’un des plus petits du Morbihan. Il est intéressant de signaler que ce dolmen est situé à proximité du sommet de l’île et qu’il domine un vaste panorama sur le Golfe du Morbihan. La majorité des inventaires du XIXe reste assez vague sur ce dolmen bien moins impressionnant que celui de Pen Hap ou que l’enceinte de Kergonan. En 1877, A. Mauricet nous confie cependant que c’était le lieu où l’on se réunissait le soir pour discuter du fret, voir passer une goélette ou un brick, …
Ce monument est malheureusement assez ruiné : il ne reste plus que le fond d’une petite chambre funéraire (1m60 sur 1m50 de large et 0,75m de hauteur). Constituée de quatre supports, elle est coiffée d’une table de couverture massive.
La disposition des vestiges de ce dolmen a changé plusieurs fois depuis une centaine d’année. Un cliché de 1911 montre qu’un support était alors couché et que la table de couverture était maintenue par un étrange empilement de cinq blocs de pierres. À une distance de deux mètres, on pouvait aussi apercevoir une pierre debout prise dans un muret (elle est toujours visible de nos jours). Un demi-siècle plus tard, en 1962, on peut constater que l’état du monument est similaire ; on remarque cependant que la pile de pierres a commencé à s’effondrer. En 1991, la table du dolmen avait entièrement basculé, l’empilement de bloc n’étant plus là pour la soutenir (écroulement ?) ; François de Beaulieu signale que plusieurs pierres prises dans des talus voisin semblent provenir du dolmen (ces pierres sont toujours observables de nos jours).
Le dolmen a été restauré en 2003 sous la direction de Yannick Lecerf. L’orthostate couché a alors été redressé et la table de couverture remise en place.

Le dolmen de Kerno
Le dolmen de Kerno

L'ensemble mégalithique de Roh-Vras

Sur une colline recouverte d'épais fourrés au sud de Kerno, plusieurs monuments mégalithiques plus ou moins bien conservés ont existé.
En premier lieu, en 1847, Cayot-Délandre mentionne un dolmen affaissé de grande dimension (comparable à celui de Pen-Hap [décrit ci-dessous]) ; les vestiges de ce même dolmen sont ensuite mentionnés en 1864 par W. C. Lukis dans son journal ; en 1877 A. Mauricet entreprend une fouille et le décrit plus en détail. La chambre était carrée et le couloir faisait 6m de longueur ce qui est remarquable. Par la suite, ce dolmen disparaît des inventaires jusqu’à sa redécouverte récente mentionnée par J. Lecornec dans son recueil "Mégalithes oubliés : Mégalithes du Golfe du Morbihan".
En deuxième lieu, à une vingtaine de mètres au Nord-Ouest (ou à l'Ouest ?) de ce premier dolmen, se trouvent deux grandes dalles couchées et accolées dont l'une mesure tout de même cinq mètres de long. Mauricet n'ayant pas trouvé de trace de dolmens en dessous, on peut supposer qu'il s'agit des tables de couvertures manquantes du dolmen voisin. A priori, elles existent encore de nos jours.
Au sud de ces deux pierres un petit menhir, mentionné par tous les auteurs, trône toujours au milieu de la lande avec ses 1m80 de haut.
Enfin, plus près de la route et au fond d'un champ, on peut toujours observer un second petit menhir de 1m46 de hauteur. Il est probable qu’à l’origine ce monolithe ne devait pas être isolé car en 1884 plusieurs pierres plates étaient encore observées dans un talus situé à deux mètres.

Le dolmen de Roh Vras

Plan du dolmen de Roh Vras d'après L. Davy de Cussé


L'ensemble mégalithique de Pen Hap

Le site mégalithique de Pen Hap (qui comprend notamment le dolmen de Men-Houzigianet) figure sans nul doute parmi les ensembles mégalithiques incontournables du Golfe du Morbihan. Le bon état de conservation général du site le rend particulièrement imposant et intéressant. On pense notamment à la table de couverture de la chambre du dolmen, qui impressionne le visiteur par sa taille et sa forme peu commune, ainsi qu’aux gravures bien visibles sur deux orthostates. Il n’est donc pas surprenant que ce site soit signalé dans tous les inventaires depuis le XIXe. Depuis 1819, on peut ainsi retracer assez précisément l’évolution des monuments qui ont malheureusement assez souffert en 200 ans. Le site se compose pour l’essentiel d’un long tertre à l’extrémité duquel est situé le dolmen (sans doute édifié postérieurement).

Le tertre

En 1819, le Chanoine Mahé signale une série de petit tumulus [« tombelles »] alignés d’est en ouest et contigus au dolmen. Le plus oriental possédait un beau menhir à son sommet. Ces tombelles ont malheureusement été en grande partie détruites comme en témoigne J. Mahé: « Mais depuis ce temps on [...] a abattu [le menhir], et de plus on a tranché les flancs opposés de tous les tumulus par une section vraiment conique ; de sorte qu’ils n'offrent plus qu’un aspect bizarre ». Dès 1847, on n’apercevait déjà plus que le tertre visible de nos jours.
En l’absence de fouille récente, il est difficile de se prononcer sur la forme exacte du monument à l’origine. Deux hypothèses peuvent être formulée : soit les tombelles étaient situées sur le tertre, soit le grand tertre est le résultat de la mutilation des petits tumulus. Dans ce dernier cas, le tertre devait davantage présenter une forme allongée plutôt qu’ovalaire. Tout comme le dolmen, le monticule a servi à délimiter les parcelles cadastrales ; de ce fait, il a été fortement rogné le long de son axe depuis le début du XIXe : il est donc beaucoup moins large qu’il ne l’était à l’origine.
Aujourd’hui le tertre se présente comme un haut talus d’environ 75 mètres de long pour une dizaine de mètre de largeur et un peu plus de 2 mètres de hauteur. Le tumulus a été exploré par Léon Davy de Cussé en 1877 ; il y découvrit des amas de pierres et de la vase. En fouillant dans la partie la plus large il ne put découvrir aucune sépulture. De nombreux blocs de pierre affleurent à sa surface. Les opérations de valorisation du dolmen de Pen Hap ont fort heureusement pris en compte ce tumulus qui est maintenant défriché et protégé des piétinements.


tertre de Pen Hap
Le tertre de Pen Hap

Le dolmen

Les structures mégalithiques de ce dolmen sont particulièrement bien préservées, si bien qu’une famille déshéritée l’utilisa comme maison jusqu’en 1840 ! Ce dolmen conserve une chambre quadrangulaire couverte par une énorme dalle irrégulière. La forme particulièrement étrange de celle-ci atteste du fait qu’il ne s’agit pas d’une grande stèle réutilisée contrairement aux table de couverture de nombreux dolmens célèbres de l’entrée du Golfe du Morbihan (Gavrinis, Mané Lud, Table des Marchands…). Un couloir d’une longueur de 3m50 mène à la chambre. À en croire l’auteur du panneau informatif, celui-ci devait faire initialement 6m de long. L’un des piliers a été renversé probablement par les anciens habitants du dolmen et la table de couverture manquante gît à vingt mètres de là. Celle-ci a souvent été considérée à tort comme un menhir couché. La hauteur des supports du couloir et de la chambre s’élève progressivement à mesure que l’on s’approche des dalles de chevet (Philippe Gouézin, 2022). Ce parti pris architectural est accentué par la forme naturelle de la dalle de couverture de la chambre dont l’épaisseur augmente à mesure que l’on se rapproche du fond de la chambre.
Le cairn est partiellement conservé sur un peu moins d’un mètre de hauteur. Il devait avoir une forme quadrangulaire (S. Cassen/C. Boujot, 2020). L’observation des éboulis du cairn mène à la conclusion que le cairn n’a jamais recouvert les dalles de couverture qui étaient donc tout à fait visibles lors de la phase d’utilisation de la tombe (S. Cassen/C. Boujot, 2020).
Un autre intérêt du monument réside dans la présence de dalles gravées, l’une au fond à gauche de la chambre en entrant et l’autre entre le couloir et la chambre (toujours sur la gauche). Cette dernière est particulièrement remarquable car elle possède sur chaque face une gravure assez rare dans le registre des signes néolithiques armoricains. Ces gravures ont récemment fait l’objet de relevés précis qui ont permis de renouveler l’interprétation de ces représentations jusque-là assez énigmatiques. Sur la face extérieure, la gravure bien visible représente selon toute vraisemblance un cachalot soufflant, en contact avec une embarcation ; l’autre coté figure un calamar géant très imagé. La forme de l’orthostate et la présence de gravures sur les deux faces, dont l’une invisible à l’époque de l’utilisation du monument, permettent d’affirmer que les constructeurs du dolmen ont réutilisé une ancienne stèle.


dolmen de Pen Hap
Le dolmen de Pen Hap


Le calamar géant sur les gravures néolithiques

Quatre gravures assez semblables sans toutefois être identiques, situées sur les dolmens de Gavrinis en Larmor-Baden, de Runesto à Plouharnel, de Pen-Hap, ainsi que sur la stèle de Tevenn au Conquet dans le Finistère ont souvent été dénommées « haches dans leur gaine ». Une relecture de ces signes à l’aide de relevés beaucoup plus précis des gravures ont amené les archéologues (S. Cassen notamment) à conclure qu’il pourrait s’agir de figurations de calamar géant. Cette hypothèse s’appuie sur la représentation d’un jet d’eau provenant de la supposée créature (ce qui constitue en effet une particularité des céphalopodes), et de cercles sur les cotés de la figure centrale qui pourraient bien représenter les yeux du calamar. Enfin trois des gravures concernées, dont celle de Pen-Hap, comportent de nombreux traits rayonnants qui pourraient effectivement représenter les tentacules. De plus ces gravures sont souvent proches de celles de cachalots, or il se trouve que ce dernier apprécie particulièrement les céphalopodes en guise de repas. Cependant il faut bien avouer que la figure générale reste tout de même assez peu explicite et même si, d’une manière générale, l’hypothèse est assez convaincante, l’identification à un calamar ne saute pas aux yeux.

Calamar de Pen Hap
Gravure
du calamar

Une étrange coïncidence

Il faut noter que la seule représentation d’un « calamar » à Gavrinis se retrouve à la même position que dans le dolmen de Pen-Hap : à l’entrée de la chambre sur la gauche. La seule différence réside dans la face où se trouve la fameuse gravure. À Gavrinis elle se situe sur la face cachée (sans que l’on sache s’il s’agit d’un réemploi) tandis qu’elle se trouve côté chambre à Pen Hap. Doit-on voir dans cette similarité troublante entre ces deux dolmens (situés à quelques kilomètres l’un de l’autre) une similitude d’intention et même une contemporanéité de construction, ou juste une coïncidence ?

Cachalot de Pen Hap
Gravure du cachalot

Les dolmens de Nioul

Au sein d’une propriété de la pointe de Nioul, sur une hauteur, subsiste un monument important et original qui mériterait une mise en valeur. Dans un cairn de 25m de diamètre subsistent deux dolmens parallèles assez ruinés. Ceux-ci présentent la particularité d’appartenir au cercle assez restreint des dolmens à chambre évasée (comme l’un des dolmens de Pen Liouse à l’île d’Arz ou les dolmens de Mané Kerioned à Carnac).
Le monument fut fouillé pour la première fois en 1877 par Alphonse Mauricet. Il publia ses découvertes dans un article consacré aux mégalithes de l’Île-aux-Moines dans le « Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan » de la même année. Il ne mentionne que le dolmen nord, l’autre étant sans doute entièrement enseveli à cette époque. Subsistaient alors douze supports et trois tables de couverture en place, mais la table principale de la chambre avait été déplacée ; la chambre du dolmen était pavée de grandes pierres. Mauricet remarque que les orthostates nord de la chambre prolongent exactement le couloir tandis que la paroi sud s’évase légèrement pour ensuite redevenir parallèle à l’axe du monument afin d'augmenter la largeur de la chambre. Il s’agit d’une caractéristique typique des dolmens à chambre évasée (P. Gouézin 2022) : on observe par exemple la même organisation dans l’un des dolmens du Mané Kerioned à Carnac. L’entrée du couloir était close par une pierre qui a, sans doute, été placée ici pour condamner le dolmen ou du moins pour le fermer. Lorsque l’on effectue des fouilles de dolmen, on découvre en effet souvent un bouchon de pierre destiné à interdire l’accès au monument (comme en 2017 au Manéneur à Quiberon). Les fouilles du dolmen menées par Mauricet ont livré des silex, quelques poteries et un os.
En 1964, dans son ouvrage sur les mégalithes de l’Île-aux-Moines, René Serge Minot donne une description de cet ensemble mégalithique quelque peu différente de celle faite par Mauricet. Il signale tout d’abord un deuxième dolmen situé à 1m60 au Sud du premier et parallèle à celui-ci. Ce monument présentait un plan similaire au premier dolmen, en forme de trapèze très allongé ; il faisait alors huit mètres de longueur, et possédait neufs orthostates ainsi que trois dalles de couverture ; il n’y avait pas séparation entre le couloir et la chambre. D'après F. de Beaulieu, ce dolmen a été fouillé en 1950 par le propriétaire des lieux qui y a trouvé une hache polie, une lame en silex et des poteries. Quant au dolmen Nord, le plan de R.-S. Minot s’avère assez différent de celui réalisé par Mauricet ; il paraît plus allongé sur le relevé de 1962 et le positionnement des supports n’est pas identique.

Les dolmens de Nioul

Plan des dolmens de Nioul d'après R. S. Minot


Les dolmens de Pen-Nioul

Au sommet de la colline abrupte formant la pointe sud de l’Île-aux-Moines, parmi les affleurements rocheux, nous pouvons toujours observer un bel ensemble mégalithique. Il s’agit de deux dolmens dans un même cairn de 13m de diamètre accompagnés d’une tombe en coffre.
Le dolmen Sud est le monument le plus important de par la dimension des pierres qui le composent. Le couloir est en mauvais état avec seulement deux orthostates conservés et des restes de parois en pierre sèche. La chambre est entièrement cernée par neuf grands supports dont la hauteur s’élève à mesure que l’on s’approche du fond de la chambre (P. Gouézin, 2022). La chambre a la forme d’un ovale s’étirant dans l’axe du couloir et celle-ci est pavée de deux grandes dalles. Les deux tables de couverture de la chambre se sont effondrées.
Le dolmen Nord est très différent. Il est situé à une hauteur de sol beaucoup plus basse que l’autre dolmen bien qu’il soit situé dans le même cairn. Le monument est en forme de « P » majuscule : le coté sud de la chambre est rectiligne et légèrement décalé par apport à l’axe du couloir, tandis que le coté nord adopte la forme d’un demi cercle. Ce dolmen possède dix-neuf petits orthostates mais aucune table de couverture. Il est possible qu’il ait été couvert par une voûte en encorbellement.
Les deux dolmens n'ont pas la même altimétrie ce qui montre que le site a été créé en au moins deux étapes successives (le dolmen Sud étant sans doute le plus récent).
Le petit coffre mégalithique signalé entre les deux dolmens témoigne d’une réutilisation ultérieure.



Sources